lundi 7 juillet 2008

El Jadida, une destination du tourisme culturel et patrimonial

El Jadida, une destination du tourisme culturel et patrimonial

En été, El Jadida est une destination préférée des MRE, et un passage quasi-obligé pour les amateurs du soleil et de la mer. Mais peu viennent pour découvrir le riche patrimoine de Mazagan, ou s’enquérir de l’histoire de la ville d’El Jadida écrite en arabe, en français et en portugais, et relatée par ses vieux édifices.
La citerne du quartier portugais est la fierté d’El Jadida, le produit type de l’architecture portugaise. Elle est située en plein coeur du quartier portugais, considéré comme l’un des bâtiments clefs de l’histoire de Mazagan. Du temps des Portugais, la citerne était remplie d’eau. Elle servait de réservoir à la ville. Elle a été découverte en 1916 tout à fait par hasard par le juif marocain Ben Attar qui voulait agrandir sa boutique. On a mis trois mois pour la vider de son eau. Pour alimenter la ville, l’eau partait de canalisations, aujourd’hui bouchées.
Il y a onze marches à descendre pour y accéder. On fait couler cinq centimètres d’eau sur son sol pour refléter son plafond, ce qui accroît le charme de l’endroit. Avant, la hauteur de l’eau dans la citerne était de 2m50 qu’un trait rouge indique sur ses murs. La citerne fut bâtie en 1514 et utilisée comme salle d’armes, douze ans après que les Portugais eurent foulé le sol d’El Jadida en 1502. Elle n’est devenue réservoir qu’en 1541. C’est un bâtiment de 34 mètres carrés, parsemé de 25 colonnes. Dans sa construction se mêlent la pierre issue de Jorf Lasfar, les briques de Zemmour et la chaux du Portugal.
Un autre monument, situé à 5 km de la ville, peine à trouver la reconnaissance de ceux qu’il avait aidés, deux siècles et demi plus tôt, à libérer la ville. A cent mètre à la sortie de l’autoroute, Ribat al-Moujahidine, dit aussi « Fahs Ezzemouri » est d’une superficie avoisinant les cinq hectares. Il fut construit au 18ème siècle, durant l’embargo imposé par le sultan Mohammed Ben Abdallah sur Mazagan pour la libérer des mains des Portugais. Son rôle était d’abriter les troupes du Sultan venues de Marrakech en janvier 1759, grâce auxquels Mazagan obtint sa libération en mars de la même année. Il s’agit plutôt d’un campement militaire.
Ribat Al-Moujahidine était composé d’une mosquée et de certains monuments militaires, dont il n’en reste que les murs détruits et la porte d’entrée. L’intérieur est vaste et non construit. On suppose qu’il était investi de tentes auxquelles on recourait fréquemment à l’époque pour passer la nuit. Un passage souterrain se trouve près de la porte d’entrée. On dit qu’il était relié au phare de Sidi Mesbah pour assurer l’approvisionnement. Les murs sont d’un mélange de pisé et d’autres matériaux. Les phases de construction sont soit superposées, après une durée, soit construites en même temps. Il faudra attendre les résultats des recherches archéologiques pour le savoir.
Les archéologues justifient la facilité et la rapidité avec laquelle il s’est dégradé par le fait qu’il soit un monument léger et destiné au campement temporaire du roi. N’empêche que si ce monument avait intégré l’une des nombreuses stratégies de préservation et de restauration du patrimoine, ses remparts n’auraient pas été sous leur forme actuelle. On n’a même pas entrepris de l’entourer de clôtures, et ce pour manque de fond ! Ce n’est que récemment qu’on vient d’envoyer une requête au ministère de la Culture pour le classer monument national. Ironie du sort, le monument duquel on assiégeait les Portugais, a besoin d’être assiégé. Cette fois avec des clôtures pour en empêcher la déformation totale puis la disparition.
Peu de textes historiques font état de l’existence de ce campement. Seul l’ouvrage d’Ahmed Ben Khaled Naciri, « Kitab al istiqsaa » en fait mention. Seules quelques gravures persistent. Ce site est caché, peut-être ce fut un choix militaire qui justifiait sa position. C’est lors du tracé de l’autoroute qu’on l’a découvert. Ceci dit, c’est par hasard que le tracé de l’autoroute est passé à côté, rien n’empêchait la compagnie de le raser s'il y figurait.
Nul n’aurait garanti sa présence aujourd’hui. Ces deux monuments ne sont qu’une partie d’une large étendue de monuments et sites historiques qui pullulent dans les alentours. Seule une réelle promotion du secteur du secteur touristique, prenant en compte la grande valeur du patrimoine historique jdidi, pourra concilier tourisme et patrimoine, et relancer l’économie de toute une région.

Encadré : L’histoire de Mazagan

Les Portugais occupèrent la région, précieuse par sa valeur stratégique. Ils fondèrent la forteresse de Mazagan vers 1506. La ville elle-même fut fortifiée dès 1542, et c’est grâce à ses épaisses murailles qu’elle est devenue une citadelle redoutable.Le Maroc a essayé de la libérer pendant longtemps. Durant deux siècles, Mazagan résista aux assauts. Les Portugais ont même dû transformer le grenier en citerne pour stocker l’eau potable afin de tenir longtemps face à ces assauts (citerne portugaise). La présence portugaise prit fin en 1769, quand la ville fut libérée par Sidi Mohamed Ben Abdallah. C’est le même sultan qui a donné à la ville son nom actuel. Avant elle était appelée Mazagao. Terme portugais, lui-même puisant dans l’appelation berbère « mazighen ». Les Portugais avaient soumis la ville et non pas occupé. On leur payait une taxe pour y vivre.
Iliasse El Mesnaoui - Libération du 5 - 6 juillet 2008

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