dimanche 29 juin 2008

Le Jazz, invité de marque à Chellah

Le Jazz, invité de marque à Chellah

L'air du jazz continue à souffler sur Chellah. Un vent capable d'immortaliser les mélodies jouées et de les enfermer dans cet espace, fusionnant la musique aux remparts. Cela dure depuis 13 éditions déjà et n'a pas de raison de cesser. Vendredi, les Polonais de Pink Freud avaient leur mot à dire, ou plutôt leurs rythmes à inscrire dans l'espace qui abritait l'événement aussi bien que dans la mémoire de l'assistance.

Parti de l'exploration de nouveaux espaces d'improvisation, ce jeune groupe de Gdansk adopte un style où se mélangent jazz, rock, et folk. Empreinte de fraîcheur, sa musique est saluée par tous les spécialistes qui l'ont baptisée « trance-jazz-dance ». Sur scène, Pink Freud a emmené l'audience dans un voyage libérateur des émotions.

Le jazz, élaboré à ses débuts par les Noirs américains trouvait sa continuité en Europe. Venu des Pays-Bas, State of Monc, révélation du jazz ces dernières années et digne représentant du nouveau mouvement hollandais « nu-jazz », veut porter le jazz vers des styles nouveaux. L'électro-jazz accompagné d'instruments acoustiques donne un résultat d'une simplicité presque trompeuse. State of Monc élève le son à un tout nouveau modèle.

Le Maroc était à l'honneur en fin de soirée, avec Ahmed Cherkani et Abdallah Alaoui. Le premier a baigné jeune dans la musique andalouse et a été lauréat du premier prix de violon arabe et classique. De son passage en soliste au sein de l'orchestre de Fès, il a développé une bonne maîtrise de son instrument. Le second, percussionniste à la technique insolite, a travaillé son style au sein de l'orchestre national de Rabat avant de se lancer dans différentes aventures musicales sur scène au Maroc et à l'étranger.

Samedi, le jazz a repris de plus belle avec le duo suédo-roumain Florin Nicolescu et Andreas Florin Nicolescu. En bon mélange des genres, le jazz a donné sa bénédiction à cette combinaison. Nicolescu est un virtuose du violon dont le jeu a conservé toute la flamme de sa Roumanie natale.

Installé à Paris, il compte de nombreuses collaborations avec les plus grands noms de la musique au monde. Andreas Oberg, lui, est lauréat du Armstrong Award et du Gevalia Award. Il s'est distingué par son jeu de guitare qui en fait un digne représentant du jazz suédois. Et la France de la diversité? Plusieurs rencontres ce soir: celle de deux instruments issus de la même sève, le balafon et le vibraphone. Celle de de Lansiné Kouyaté, musicien virtuose issu d'une grande famille malienne et de David Neerman, musicien improvisateur touche-à-tout et enfin, le Maroc et la France sur scène : celle de ces deux rencontres avec Hassan Boussou et sa troupe gnaoua. Lansiné Kouayté a travaillé avec les plus grandes voix de la musique africaine (Baaba Maal, Salif Keita ) et David Neerman, auteur compositeur de génie confronte son instrument à différents styles.

Elevé aux préceptes de l'art gnaoua par feu Hmida Boussou, maître incontesté de cette musique, Hassan parfait sa formation musicale en Europe où il a appris à mélanger son style à celui de plusieurs styles occidentaux. Le répertoire traditionnel reste sa source première d'inspiration et les rencontres musicales, sa spécialité. Parmi ceux qui étaient au rendez-vous ce jour-là, s'efforçant de discerner le cri des instruments tous azimuts, tous seraient unanimement d'accord que «sans le jazz, la vie serait une erreur ».

Iliasse El Mesnaoui - Libération du 17 juin 2008

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