vendredi 27 juin 2008

Mawazine joue la diversité culturelle

Mawazine joue la diversité culturelle

Quelle relation peut-il y avoir entre les rythmes festifs du folklore mariachi issu du Mexique, la musique engagée brassée d’humour issue du Congo, et la fusion des rythmes modernes comme la rumba avec les traditionnels mandingues maliens? Dimanche dernier, ces composantes s'étaient réunies le temps d'un concert sur la scène Hay Ryad. Mariachis Real De Oro, Zao et les Super Rail Band illustraient toute la diversité du programme de cette année.

Vers 17h, c'était au tour des habitants du quartier Akkari de sortir partager les réjouissances avec ces propagateurs de bien-être munis d'armes de joie massive. Pour leur seconde prestation de la soirée à Hay Ryad. Tout en démontrant que "fatigue" est un vocable étrange au Mexique, une kyrielle de rythmes mariachis assaisonnait l'engouement du public venu nombreux. La bonne impression laissée par Real de Oro ne risque pas de s'estomper rapidement.

Le Super Rail Band est une des plus anciennes formations du continent, Ses 38 ans d’existence n’ont d’égale que la renommée internationale dont ils jouissent. Leurs deux albums «Djougouya» et «Mansa» les ont lancés aux premières loges de la World Music. Le public a eu droit aux guitares acides en contrepoint de cuivres berceurs et à la guitare solo de Djelimady Tounkara qui a pratiqué, comme toujours, des merveilles de précision liquide, signature de leur dernier album «Kongo Sigui», résonnant aux antipodes de Hay Ryad tel un appel à la fête.La «découverte RFI» de 1982 n’est plus à présenter. Zao conjuge les tourments sociaux de l’Afrique à l’humour et la gaîté en signe d’espoir. Aux airs de ses titres percutants «Corbillard» et «Apartheid», la communauté africaine à Rabat partageait ses danses avec l’assistance, métamorphosant la place en lieu de melting-pot. Le temps d’un concert, Hay Ryad est devenu une petite Afrique à grande charge symbolique.

Les autres scènes «vécurent» les mêmes sensations. Les cadences raï rock maghrébines de L’Orchestre National de Barbès succédèrent au rap traditionnel Des Fnaïrs et au Flow de H-Kayne à Qamra. La Place Moulay Hassan faisait place au trio marocain Nezha Chaâbaoui, Rachida Talal et Nadia Ayoub. Les notes du Cubain Los Van Van trempaient dans le Bouregreg tandis que Hay Nahda tentait d’accompagner mot par mot les chansons de Nancy Ajram.

Entre-temps et jusqu'à la fin de la durée du festival, deux expositions sont prévues en marge des festivités. "La peinture à jamais" ou résurrection des toiles, tenant tête à l'hégémonie de l'art contemporain. Cinq jeunes artistes marocains y convient les visiteurs de la Galerie Mohamed El Fassi à se rallier à la cause. L'art de la photo n'est pas en reste : la Villa des Arts gratifie la ville hôte d'une ostentation photographique. Rabat se soumet à l'objectif de Michel Nachef. Ses Clichés, des années 1970 pour leur majorité, immortalisent la féerie des ruelles comme des monuments de la ville. "Regard sur Rabat" reste le complément d'information aux invités de la capitale venus étancher leur soif de culture, chose valable aussi pour raviver l'attachement des Rbatis à leur patrimoine. Histoire de commémorer l'histoire, et d'apprécier le présent.

Iliasse El Mesnaoui - Libération du mardi 20 Mai 2008

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