vendredi 27 juin 2008

La sécheresse sévit à Tafraout

La rareté de l'eau s'est hissée au premier rang des contraintes de la région

La sécheresse sévit, Tafraout subit


Quelle que soit la direction où l'on tourne la tête, le même paysage persiste. Ici, à Tafraout, la plantation se fait rare. La verdure d'antan, sous la contrainte de quatre années successives de sécheresse, a dû laisser la place aux granules de sable luisant sous un pérenne soleil de plomb. L'amandier, principale plantation de la région à hauteur de 72 % du sol arboricole, souffre de l'inclémence du ciel. Le volume des précipitations de la région était de 80 mm l'année dernière, et depuis le début de cette année, le sol de Tafraout n'a eu droit qu'à la moitié de ce chiffre.

Dans les villages où le puits reste la conduite principale d'accès à l'eau, la nappe phréatique a accusé des déficits importants. Déjà difficile d'atteinte, la consommation accrue et non rationalisée des ménages et de certaines pelouses l'épuise, même qu'elle remplit de son eau certaines piscines privées ! La rareté de l'eau était au coeur des débats de l'assemblée générale de l'Association des producteurs-exportateurs de fruits et légumes (Apefel), tenue à Agadir le 8 mai dernier. Le barrage Youssef Ben Tachfine (Tiznit) ne peut offrir d'eau aux exploitations de toute la région. C'est que les apports enregistrés au niveau de ce barrage n'ont même pas atteint 10 millions de m3 alors que les besoins en eau des exploitations de la zone sont estimés à 80 millions. La région de Tafraout en supporte les répercussions de plein fouet. A Doutemanroute, Tarswat, Ikhrzen, Tioudit et ImOugadir entre autres, le robinet coule à peine pendant un quart d'heure par jour.

Le tissu associatif fournit des efforts louables pour sortir la région de Tafraout de sa pénurie. L'Association Idianne pour le développement et la coopération en apporte l'exemple. En 2002, son projet en association avec la commune rurale de Khmiss Aït Ouafka et avec le ministère de l'Equipement vise l'approvisionnement groupé en eau potable de ces régions rurales. Travaux qui s'étaient soldés par l'étude générale de production et de distribution d'eau, édification d'un château d'eau, construction d'une station de pompage avec la tuyauterie nécessaire, achat de branchements et de fournitures particulières pour compteurs à domicile, etc. Travaux grâce auxquels 40 ménages ont pu avoir accès à l'eau potable. La Fédération des Associations de Sidi Ahmed Oumoussa en partenariat avec le géant associatif canadien Oxfam et CRS lui emboîte le pas en gérant actuellement un projet d'alimentation de huit douars en eau courante en permanence, soit 4000 bénéficiaires, l'équivalent de 800 foyers. L'an dernier, un budget a été alloué à la province pour l'acquisition de citernes d'eau d'une capacité de trois tonnes renouvelable, livrées gratuitement mais apparemment un bon nombre de maisons furent omises de service, en plus de quelques perturbations au niveau du timing des actions. « L'attente d'être servi peut aller jusqu'à deux mois, c'est aberrant » se révolte un villageois qui en a déjà connu le supplice.

Aujourd'hui, les actions de désenclavement continuent mais en faible intensité. La population locale se met au racolage racolage et à l'entraide dans le but d'améliorer ses conditions de vie. Personne intérêt à rester les bras croisés, vu que les prévisions météorologiques nous annoncent, et jusqu'au 8 juillet prochain, une moyenne de 35 degrés de température, la même canicule sévissant à Tafraout depuis déjà plusieurs années.

Iliasse El Mesnaoui - Libération du 26 juin 2008

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